ISBN n°2849413607
Ouvrage conseillé sur le blog philippesilberzahn.com, j’ai d’abord pensé à un énième livre visant à « remettre la valeur Travail au centre de nos vies ». Finalement, j’ai découvert plus qu’une enquête passionnante : une démonstration – quasi mathématique ! – qui décortique les rouages de la crise que nous vivons.
Mais j’y ai trouvé également un lien – non explicité ! – avec la thématique fleuve de la Génération Y dont je fais partie : ce livre apporte des éléments de compréhension de cette génération qui suscite autant d’interrogations qu’elle cherche de réponses à ses propres questions.
La thèse de l’auteur ? En trente ans, le Travail est devenu invisible…
Certes, mais
Pierre-Yves Gomez définit trois composantes au Travail :
Ceci posé, l’auteur aborde les liens entre le Travail et le libéralisme. Ce dernier porte un espoir de liberté et de sécurité économique assuré par la constitution d’une rente, revenu déconnecté du travail réalisé. Cet espoir de rente de masse, accessible au plus grand nombre, a été entretenu par les énormes augmentations de productivités des décennies passées. Ce désir collectif – voire culturel – de rente a inversé l’objectif même de toute activité économique : nous ne disons plus « pour produire tant, nous allons nous endetter de tant » (la Finance, suivant l’auteur), nous disons désormais « pour augmenter notre rentabilité de tant, nous allons produire tant » ; c’est la Financiarisation suivant l’auteur.
Cette inversion idéologique a imposé pendant trente ans un besoin de sécurisation des résultats financiers. La rationalisation accrue du travail, sa normalisation et son pilotage par tableaux de bord ont permis une augmentation de la productivité et donc l’entretien du rêve de Rente.
D’une part, le mimétisme normatif et la guerre économique ont conduit à une course à l’innovation effrénée. Pierre-Yves Gomez cite Jacques Prades, qui aurait démontré dans les années 1990 que l’obsolescence des machine-outils était plus rapide que leur amortissement. L’innovation devient alors destructrice de valeur… Elle a donc entraîné une accélération de la rationalisation du travail pour maintenir les rentabilités.
D’autre part, l’être humain n’est pas une machine. Les tableaux de bord abstraits, généralisés, ont hypertrophié la composante objective du travail, la performance. Mais en déconnectant le système de pilotage de nos activités du « travail réel », ils ont également atrophié les composantes subjective (le sens) et collective (le lien) du travail. Et cela de façon accélérée par la course à l’innovation…
Conséquence de ce déséquilibre : une souffrance croissante des travailleurs, entretenue par une vision doloriste du travail en occident. Souffrance qui alimente le rêve de la Rente tout en démobilisant les travailleurs… Il faut donc rationaliser davantage le travail pour maintenir les résultats financiers et compenser la perte de motivation… jusqu’à la rupture : la Crise, aboutissement du cercle vicieux. Car la question sous-jacente est : qui paie la rente aux rentiers ? D’une manière générale, nos sociétés préfèrent ignorer cette interrogation et l’auteur parle même d’ignorance immunitaire. A méditer.
Voilà la thèse de Pierre-Yves Gomez, bien mieux expliquée dans son livre, et de façon plus complète ! Je vous en conseille vivement la lecture.
Son rapport au Travail, si souvent critiqué. Car si la génération précédente s’est vue vendre le rêve de rente de masse, ce rêve est « nativement intégré » à la culture de la génération « why ». Pas étonnant alors que cette génération ait des difficultés à reconnecter Travail et Rétribution : elle n’a pas connu de société où ces deux notions allaient de pair…
Par ailleurs, il est souvent dit que ces jeunes travailleurs – 40% de la population active en 2015 – n’exécutent jamais une tâche sans comprendre le « pourquoi », l’utilité de la tâche. Réaction logique pour rendre ses lettres de noblesses à la composante subjective du travail. S’ils sont des utilisateurs innés des nouveaux moyens de communication comme les réseaux sociaux, c’est sans doute aussi pour rééquilibrer la part collective du travail.
Enfin, cette génération est celle qui sort d’un rêve, celle qui ne bénéficiera jamais des bénéfices des hausses de productivité, mais uniquement de ses effets pervers : la désillusion est d’autant plus forte, la démobilisation aussi.
Je ne citerai qu’un seul passage de cet excellent ouvrage :
« Je ne connais personne qui se lève chaque matin avec la joie d’avoir à accroître la marge opérationnelle de son entreprise et à maximiser le rendement de ses fonds propres. A vrai dire, j’en connais hélas, et l’un d’eux, cadre dirigeant dans une banque de marché, répondit un jour, à une question sur la bonne manière de le définir : « Je suis le genre de personne avec laquelle on n’a pas envie de partir en vacances. »
Tout est dit, ce cadre, comme son modèle social, ne font pas envie. C’est pourtant ce rêve de Société – financiarisée – qu’il est demandé à la Génération Y de tenir… Alors qu’elle recherche du Sens et du Lien Social, c’est le genre de Société humaine dans laquelle ma génération a très envie de partir en vacances !
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merci pour votre site très intéressant
Avec plaisir :)